Sauver des vies
Les personnages que met en scène Pascale Renaud-Hébert sont issus de deux mondes complètement différents : d’une part, une famille banale (une mère, Murielle, un père, Jean, deux jeunes adultes, Simon et Philippe) ; d’autre part, un jeune couple (Maude et Étienne). Leurs univers se fracassent quand Murielle et Maude découvrent qu’elles souffrent de cancer, et qu’il n’y aura pas de guérison possible. Chacun à sa façon, les hommes (père, amoureux, fils) doivent apprendre à continuer à vivre, à accepter la douleur du deuil. Mais plus encore, ils doivent réussir à s’effacer pour réellement accompagner celle qui lutte, qui comprend qu’elle ne réalisera pas ses projets, qu’elle ne verra pas grandir ses enfants, qu’elle doit lâcher prise.Sans éclat, avec pudeur et franchise, la pièce aborde un sujet extrêmement difficile et laisse la parole tant aux malades qu’à ceux qui les entourent. Comment un jeune homme qui pensait avoir trouvé la femme de sa vie peut-il envisager l’avenir sans elle ? Comment un père peut-il, dans un même élan, réconforter sa femme et ses fils, tout en vivant son propre deuil ?
Je l’aimais, Phil. Ta mère, c’était la femme de ma vie. J’ai jamais aimé une autre femme, pis j’en aimerai jamais une autre comme ça. Était pleine de défauts, était dure à suivre, mais je l’aimais. Pis je me serais pas pardonné de pas donner à ta mère l’amour qu’a me demandait pendant qu’était malade. Pis l’amour qu’a me demandait, ça impliquait ça. C’était sa façon à elle de préserver le peu de paix qu’elle avait. Parce que je le sais, Phil, qu’y en n’avait plus de paix. J’ai pensé, sincèrement, que je vous attraperais quelque part, que… que je serais capable de réparer ça. Probablement que c’est irrationnel, pis que c’est égoïste en quelque part, mais moi, c’est à elle que j’ai pensé.