Partir de là
Sylvie Massicotte affiche dans ses textes une manière délicate qui consiste à dessiner par petites touches un épisode de la vie de tous les jours afin d’en exprimer la substance, la signification. Rencontres affectueuses, retrouvailles incertaines, rendez-vous manqués dessinent l’horizon de Partir de là, son cinquième recueil. L’aube se lève, le soir tombe, le temps va son chemin dans la vie de personnages qui sont nos semblables. La sérénité de l’écriture dépose un éclairage tout en douceur sur ces scènes belles et vraies.
Il prend sa fille contre lui, retrouve un bonheur simple. Il entend le bruit du bonbon qu’elle balance sur ses dents. En la serrant plus fort, il voit, entre les poils foncés de son avant-bras, le boîtier de sa montre qui n’a jamais paru aussi étincelant. Et les chiffres, jamais aussi lisibles. Il écarte légèrement sa fille de lui et, la prenant par les épaules, il l’examine, interrogateur. Mais il réussit. Il réussit à ne pas lui demander combien de temps elle compte rester.