Mon père, la nuit
L’enfance moud le langage et en tire des métaphores. Un monde nouveau est donné à voir par le biais des consciences alertes, avides, généreuses des personnages d’enfants créés par Lori Saint-Martin. Mais il arrive qu’à la lumière des expressions succèdent les ténèbres d’une chambre de petite fille dans laquelle pénètre un père, la nuit, alors que le « non » fait défaut.La succession des nouvelles permet à l’auteure de créer un véritable tourbillon dont l’on sort tantôt en état de choc, tantôt dans l’émerveillement, toujours ému.
Mon premier mot à moi : non. Oh le beau mot rond, roulé en boule sur lui-même, un bijou, un coquillage. Je le savoure comme un bonbon, je passe mes journées à le sucer. Jamais il ne perd de sa saveur. Plus tard, sur la plage, je ramasserai des galets qui ressemblent à un non. Ils ont l’air que je voudrais avoir, moi aussi. Un immense « non » qui ne dit oui que tout bas, pour lui-même.
Épuisé.
Prix littéraires
- Grand Prix des Lectrices de Elle Québec, finaliste 2000