Manga baroque
Caroline, frappée par le cancer, est brutalement jetée à la rue par Louise-Sophie Bernard, la femme avec qui elle vivait et dont elle a élevé les deux filles, laissant celles-ci sans protection. L’aînée s’appelle Sarah : Sarah Bernard. Elle ne s’entend ni avec sa mère (une mère qui manie la parole comme une arme blanche) ni avec son nom. Quant à sa sœur Rosine, elle dessine des mangas. Rien pour améliorer les relations avec la mère, convaincue qu’il s’agit d’un art vulgaire. Pourtant, dans les cases et les phylactères, leur histoire se joue, hachurée, vibrante, comme un silence tonitruant. Une histoire à l’emporte-pièce, des dialogues tout en vivacité : le nouveau roman d’Anne Legault va à l’essentiel.
– Les mangas montrent le combat de la vie. Parfois, c’est énorme et ça soulage, parce que la vraie vie est remplie de tellement de gens minables. Parfois un miracle se produit et ça permet de rêver : on peut aller chercher ses morts dans l’au-delà, ou revenir soi-même de la mort. Parfois, c’est tout petit et ça étonne : on se sent moins seul.- Mais c’est toute la littérature que tu me décris.- Les mangas vont à l’essentiel. Les mangas sont à la littérature ce que les antidépresseurs sont à la psychanalyse.