La pharmacie à livres et autres remèdes contre l’oubli
La confession du bibliomane pourrait se doubler de celle du futur père dressant un barrage de livres contre l’angoisse qui l’assaille lorsque la grossesse de sa compagne se complique et citant Montaigne : « C’est la meilleure munition que j’aie trouvée à cet humain voyage. » Une citation dont pourrait se draper l’enfant, étranger à son milieu, qui se gavera de mots à en devenir poète.
Les douze nouvelles ici réunies ne dépeignent pas seulement la vie dans l’arrière-pays ni les velléités d’écrivain d’un professeur de lettres à la vie amoureuse qui va cahin-caha. L’ensemble contribue à forger l’univers de l’auteur, entre une photo d’échographie d’enfant mort-né dans sa boîte de bois grinçante, la mémoire du corps qui se souvient de sa naissance douloureuse, la somme de toutes les blessures d’amour-propre qui donnent consistance à ce que nous sommes, ou l’envoûtement des lieux qui nous habitent plus que nous les habitons.
Claude La Charité propose ici une forme d’autofiction mâtinée d’humanisme et dévoile quelques pans de sa mythologie personnelle.
J’ai une maladie : je suis bibliomane. J’aime les livres, je les collectionne, en particulier les livres anciens. Mais ça, c’est tout juste de la bibliophilie et ce n’est pas une maladie. Non, ma maladie, c’est une forme rare de fétichisme dont l’objet est le livre. Je vis entouré de livres. C’est ma protection, ma cotte de mailles, ma zone tampon, mon no man’s land.
Prix littéraires
- Prix Jovette-Bernier, finaliste 2016