La nouvelle québécoise (1980-1995)
Entre 1980 et 1995, l’explosion de la production littéraire québécoise traduit la fécondité du genre bref : création de revues, de prix, de maisons d’édition et de collections réservées à la nouvelle, foisonnement critique en réaction à cette ampleur. Étonnamment, cet essor survient dans un contexte de crise politique et économique. Selon Cristina Minelle, les nouvellistes québécois ne peuvent manquer d’exprimer l’incertitude qui règne dans la société et choisissent la nouvelle, qu’ils « fragmentent pour qu’elle devienne le genre de la crise et de la déstabilisation ». Personnages tiraillés, mémoire morcelée, parcours erratiques, syntaxe elliptique, typographie aléatoire, tout se soumet au flash et à l’instantané qui accélèrent et concentrent, zooment et atomisent. En réponse à cette apparente désorganisation, l’écrivain devient le maître d’œuvre du recueil de nouvelles, la « forme dynamique plurielle et pluridirectionnelle » d’une « cohérence » retrouvée.