Freux
La ville de Savannah, en Géorgie, avec ses maisons coloniales, ses squares ombragés et ses grands chênes noirs couverts de mousse, est le théâtre de drames innommables. Un homme, le Pasteur, est l’auteur de crimes en série qui nous sont racontés par un écrivain. À sa poursuite, Chester Head, détective privé, parti en quête du coupable ou de ce qu’il appelle la Vérité, sorte de Jugement dernier qui porte sur la responsabilité de chacun devant le Mal.
Une femme, Blandine Berger, amante tour à tour de Head et du Narrateur, partie elle-même en quête du Pasteur, relie les trois hommes dans un ballet enivrant, étourdissant, envoûtant. Au centre de toutes ces affaires apparaît Lorraine Greenwood, jeune modèle de la sculptrice Sylvia Shaw Judson dans la création de la Bird Girl, statue qui a longtemps trôné dans le cimetière Bonaventure de Savannah, à laquelle on attribue toutes sortes de pouvoirs, bénéfiques ou maléfiques, dont celui d’inspirer l’idée de meurtre ou de sacrifice aux déréglés de la vieille ville.
L’histoire dans laquelle on s’est engagés, Chester dans son enquête, moi dans mes écrits — Blandine dans ses actions, le Pasteur dans les siennes, la jeune Lorraine qui chaque jour pose pour une statue sur laquelle on crache ou qu’on macule de semence, nue âme sous les yeux de tous, qui la dévêtissent de sa propre vie — n’est pas une histoire qui peut finir, à moins qu’on ne finisse soi-même : qu’on meure de sa belle mort… et la laisse mourir en paix, sans y mettre le point final comme on s’y attendrait… la laissant s’évanouir petit à petit entre les points de suspension auxquels on l’abandonne…