Poste restante
Au milieu des années 1970, un jeune Québécois entend l’appel de la route, auquel il obéit sans réserve, de l’Europe des origines à l’Inde mythique et au Népal. Entre ces deux régions du globe, entre ces deux pôles, il y aura la solitude à expérimenter, quantité de mets exotiques à apprivoiser, bien des langues à déchiffrer et des garde-frontières à affronter, de nombreuses guerres religieuses et révoltes politiques à traverser. Mais aussi d’innombrables rencontres et autant de séparations, des compagnons et compagnes de voyage avec qui partager une heure d’angoisse à la frontière ou tout un jour d’émerveillement devant la beauté somptueuse d’une montagne ou d’un temple. Le jeune voyageur est une véritable éponge. Rien ne lui échappe, et il fait de chaque minute de son périple une occasion d’apprendre et de s’enrichir de la culture de l’autre.
Nous longeons les sommets enneigés de l’Hindu Kush pendant des heures, suivons des torrents aux eaux vertes, le chauffeur décide d’y faire une pause de quelques minutes, nous allons nous y laver le visage, les pieds, nous osons quelques gorgées, comme tout le monde, c’est frais, limpide, les rives sont luxuriantes, tranchant avec l’arrière-pays couleur cendre. Nous arrêtons dans un petit resto où pour la première fois depuis des mois la nourriture n’est pas épicée. Savoureux kébab. Les gens ne nous regardent plus comme si nous étions dans un zoo, chacun a une tête à orner le National Geographic, pas deux turbans pareils, des visages de Sibérie, d’Inde du Nord, des steppes d’Asie centrale, un profil persan, ou turc, un descendant de Gengis Khan, et des Chinois, des Népalais.