Voyages et autres déplacements
Regardez-les qui s’embrassent sur les quais des gares, s’enlacent, se laissent et s’étreignent de nouveau comme dans une danse étrange. Billets en main, il y en a qui s’embarquent, ils en ont tant parlé. Ils vont faire provision de récits et de nostalgie. Les autres agitent le mouchoir avec lequel tout à l’heure ils s’essuieront l’œil avant de jeter un regard à leur montre en se disant que la vie les reprend : « C’est toujours plus facile pour ceux qui partent… » Sylvie Massicotte est là parmi eux, sur le quai, au buffet, dans le wagon, à l’auberge, elle est déjà là-bas quand là-bas c’est très loin ou tout à côté. Elle déteste les voyages ? Allez-y voir de plus près
Je déteste les voyages. Répéter d’où je viens et où j’ai l’intention d’aller m’excède Je fuis les jardins publics, près des musées, là où l’on cherche à vous vendre des glaces, dans les grandes villes. Les bureaux de change me font mourir, les boutiques de souvenirs aussi. Je n’apprécie pas le reflet de mon corps dans les vitrines lorsque je fléchis sous le poids de mon sac. J’ai horreur qu’on m’aborde en anglais, qu’on m’offre des chambres pour la nuit.
Édition épuisée.
Prix littéraires
- Prix Desjardins de la nouvelle, finaliste 1996