S’aimer ben paquetée
Il y a des sujets dont on parle peu, qui effraient et qui génèrent des malaises. L’alcoolisme des femmes fait partie de ces thèmes, de ces enjeux trop peu abordés. L’autrice de S’aimer ben paquetée n’a pas eu peur, quant à elle, de partager publiquement son cheminement vers la sobriété. D’abord par le biais d’un blogue débuté en pleine pandémie, en 2020, et ensuite sur les planches grâce à une pièce de théâtre. Le résultat de ce passage à la dramaturgie est un monologue d’une heure, qui fait état avec humour, franchise, tendresse, vulnérabilité et une absence totale de tabous, de ce que l’alcool, ou son absence, a pu représenter pour l’autrice. Le ton est vif et la langue est belle. Il y a dans l’écriture de Cristina Moscini un rythme et une musique qui donnent envie de scander le texte. Entre fulgurances et chutes, son rapport à l’alcool lui permet de réfléchir à ce qu’être une femme peut signifier, dans les rapports de séduction et de performance qu’elle entretient avec le monde qui l’entoure.
Toujours une chasse au cœur, à courir après le moment, à fuir l’inconfort, à la conquête de cet évanescent sentiment d’être apaisée, en sérénité avec l’univers. Jamais capable de capturer l’intangible, d’en arriver à cette satiété de l’esprit, éternellement assoiffée, rarement véritablement désaltérée.
Pour une petite crisse aux cheveux couettés qui était si pressée de mourir, l’alcool à lui seul était une cire, un vernis préliminaire. Un filtre, un tamisage, une musique de fond.
Prix littéraires
- Prix Arts excellence de Culture Mauricie, catégorie Prix rayonnement (livre et spectacle)
- Prix du CALQ, catégorie Artiste de l'année en Mauricie / Finaliste 2024