Métamorphoses
De tous les phénomènes biologiques, le plus fascinant est peut-être la métamorphose : un être subit des modifications telles qu’on ne le reconnaît plus. Il s’accomplit dans le changement radical. Encore serait-ce simple si l’univers se répartissait en deux catégories : les métamorphosés et les autres. Mais il se glisse des êtres qui, tel l’axolotl, hésitent entre les deux catégories ou se plaisent dans l’ambivalence. Le masculin, le féminin, on ne s’y reconnaît pas toujours : après tout la chenille devient le papillon ; le têtard, la grenouille. La littérature n’échappe pas à la fascination ; elle n’en échappe rien. Ici, une langueur de lied qui s’intitulerait « La jeune fille et le saule » ; là, la rumeur ou la clameur des avatars ; plus loin, le père Fouettard, pris de vertige ; là encore, un petit homme que sa moustache déserte. Serait-il devenu autre ? Quand devient-on l’autre que donne à regarder le miroir ?