Mémoire vive
De La chambre à mourir à Mémoire vive, l’œuvre de Maurice Henrie est traversée par le motif de l’abandon. Le temps qui passe (qui fuit !) semble s’employer à éloigner les êtres d’eux-mêmes. C’est la mémoire qui est alors appelée en renfort. Elle creuse ; elle construit aussi, parfois sur ce que l’on croyait être des décombres. Se moquer d’une fillette à cause de son prénom et s’avouer qu’on en est amoureux, pousser des camarades à un défi absurde et découvrir que le piège se referme sur soi, être pris en otage chaque soir au retour de l’école, voilà qui pourrait n’être que des événements fortuits dans la vie d’un enfant. L’art du nouvelliste, qui tire parti de la brièveté pour en saisir la dimension dramatique, les transforme en des pièces essentielles dans l’élaboration de la personnalité. À partir de pareilles anecdotes, la vie a bifurqué, la conscience s’est développée, le souvenir a acquis valeur de précepte. Alors il arrive que le temps fasse mine de s’arrêter. Cela s’appelle le présent.
Prix littéraires
- Prix de la Ville d'Ottawa 2004
- Prix littéraire Le Droit 2005