Les enfants de Manhattan
Tous les ans, Georgia revient dans le modeste motel qui les avait accueillis, elle et son mari, lors de leur découverte de l’austère et puissante beauté minérale des déserts de l’Ouest américain. Al n’est plus, mais son souvenir procure à Georgia la force de faire de la nuit son alliée. Eddy, Natacha, Sonia, Hedda, Tom, Milena, ces enfants de Manhattan, portent eux aussi des blessures intimes. Et pourtant, à l’instar de Georgia, ils continuent de chercher : un regard, un corps, une signification. D’oser l’imprévu. Et qu’importe si par instants ils confondent fantasme et réalité.Inspiré par l’œuvre du peintre Edward Hopper, ce premier recueil de nouvelles de Marie-Jeanne Méoule anime avec délicatesse quelques archétypes du rêve américain. Sans hâte, par petites touches sensibles, l’auteure s’emploie à nous rappeler que derrière l’image palpite la vie.
Elle s’assit au bord du lit, face au panneau vitré qui dévoilait le paysage tel un livre ouvert. Le désert étirait ses lignes horizontales ponctuées de la masse sombre des falaises lointaines, couronnées de jaune. Elle soupira. Le silence d’église qui baignait la pièce répondait au vide minéral du tableau encadré par les montants de la fenêtre.