Le sanatorium des écrivains
Bien connue pour ses romans et recueils de nouvelles, Suzanne Myre signe ici un roman audacieux, ancré dans la réalité contemporaine du monde littéraire québécois vu à travers la lorgnette d’une autrice drôle, fine observatrice, légèrement cynique mais toujours prête à jouer le jeu de la fiction.
Incapable de se remettre à l’écriture après un premier succès d’estime, un écrivain montréalais tombe par hasard sur une petite annonce : des retraites pour auteurs en panne d’inspiration dans un sanatorium pour écrivains. L’homme hésite et finalement se résigne à s’inscrire à l’un de ces séjours dans un lieu secret, en pleine campagne québécoise. Il y fait la rencontre d’autrices et d’auteurs qui, comme lui, peinent à être productifs; sous des pseudonymes littéraires (on fait la connaissance de Daphné du Maurier, d’Edgar Allan Poe, de Lou Salomé, Sylvia Plath, etc.), les participants prennent part à des séances d’écriture, des jeux littéraires, des marches dans la nature, tout cela sans internet ni téléphones.
Un épais et troublant mystère hante cependant les murs du sanatorium, qui transformera le séjour de ses occupants en épreuve mortelle. Qui se cache derrière la disparition troublante de plusieurs anciens participants ?
L’annonce était accompagnée de la photo d’une bâtisse digne du château de Dracula, dont les jardins d’inspiration probablement roumaine invitaient à la méditation, au jardinage ou à l’empalement cervical. Je suis resté songeur; j’imaginais mon cerveau atrophié qu’on aurait embroché sur le pic d’une de ces hautes clôtures, à la merci des vautours, quand on se serait rendu compte qu’il était sans espoir, vide.