Le dragon borgne
Le regard peut parfois agir comme bouclier, par jumelles interposées. Mais on ne saurait toujours se placer en retrait. Dans Le dragon borgne, le regard peut aussi se montrer actif, se laisser persuader, et l’œil, devenir persuasif. Les autres sens ? Ils ne se contentent pas de faire antichambre, ils appellent à la découverte du monde, au-delà de la dune, en pleine terre, en pleine enfance et par-delà l’enfance, accumulant ce qui s’inscrira à jamais dans la mémoire du corps. La vivacité du style de Gérard Cossette permet des mises à nu, touchantes ou incisives : de là-bas on peut dire que c’est ici, d’hier que c’est aussi maintenant. Et d’une silhouette, qu’elle s’incarne, qu’elle acquiert la densité de ceux qui ont choisi de vivre et d’aimer.