Le barrio
Préface de Robert Lepage.
Traduit de l’espagnol péruvien par Pierrette Richard.
La misère est la chose la mieux partagée du monde, spécialement quand on vient d’un barrio, d’un bidonville piqué dans le désert. Ceux qui fuient la barbarie fratricide du pays natal ont tôt fait d’être rattrapés, comme le constate Ángel Morales, un homme de théâtre en exil, interné dans une institution psychiatrique, à qui l’on confie des frères et des sœurs de douleur. Les répétitions commencent, souvenirs et aveux se bousculent. Comme l’écrit Robert Lepage en préface, « le théâtre est non seulement un moyen de résistance, mais également un outil de libération collective et individuelle ».Pratiquant un théâtre d’intervention, Miguel Almeyda Morales a transposé l’expérience du déracinement dans la trame d’un récit éclaté, comme l’est la vie de ces rescapés de la tourmente.
Il était un étranger. Eux, ils étaient restés au barrio, vivant des vies normales, à lutter pour le travail, pour l’amour, pour le désamour, pour les enfants, pour le pain quotidien. Lorsqu’ils le questionnaient sur ses aventures à l’étranger, ils l’écoutaient pendant dix minutes, puis il restait là à parler tout seul des choses qui l’avaient changé, des coups que la vie lui avait donnés, de son grand pèlerinage de par le vaste monde.