La taupe
Du référendum de 1995 nous connaissons ce que les médias ont rapporté. Or des faits ont été passés sous silence, apprenons-nous progressivement, et leur importance a été primordiale, compte tenu de la mince marge qui aura séparé le OUI du NON le soir du 30 octobre de cette année marquante dans notre histoire. La taupe s’amorce au moment où Frédéric Chevalier et Miguel Cortès s’engagent dans l’équipe à laquelle le gouvernement du Québec a confié le soin d’évaluer les coûts d’accession à l’indépendance. Les deux compères redoutent de vivre un nouveau chapitre de l’histoire de la dépossession que le pays à venir semble revivre sans arrêt depuis la Conquête. Que reste-t-il en effet du Montréal d’avant les marchands britanniques ? Nos racines françaises peuvent-elles survivre dans les institutions canadiennes ? Et si le péril était dans les lieux mêmes où se concoctent les stratégies du OUI… Au gré des marées les glaces du Saint-Laurent s’entrechoquent devant Québec tandis que les parties en présence affûtent leur argumentation. Frédéric et Miguel sont devenus nos témoins. Journaliste pendant trente ans à la radio, à la télévision, pour deux quotidiens, des hebdomadaires et des mensuels, Jean Chartier est aussi docteur en littérature française. Il a connu la campagne référendaire de l’intérieur à titre de conseiller en communication à l’emploi du gouvernement du Québec. Son pari est séduisant : tisser la trame d’un roman historique à partir d’événements dont nous continuons à ressentir l’onde de choc, nous à qui il a été demandé d’envisager que le Québec se dote démocratiquement de l’autonomie politique dévolue aux États et qui assistons au spectacle quotidien de la tension entre deux gouvernements. Lecture saisissante : ce roman nous inclut ! La fiction permet un regard neuf sur les événements de l’hiver 1995.