J’espère que tout sera bleu
Littéralement grandiose, ce que Jean Pierre Girard nous donne à lire dans les yeux de la femme aimée. L’inventeur de personnages formidables, mais ordinaires, les laisse vivre sous l’emprise du regard. Émouvants, ils sont nimbés de bleu, ou d’une aura marine, lavande ou nuit étoilée. Dans un paysage de bord de mer, l’enfant se dresse telle une géante, le vieux clown triste s’avachit. Tout-puissant, l’œil ne condamne jamais, il reconnaît : peur, lâcheté, ignorance, trahison, des traces écrites, bien lisibles. Longuement, il se penche sur l’amour, celui qui rend les femmes fortes et les hommes faibles, et vice versa. La quête, la mort, la jeunesse, le rêve, voire l’utopie, le fascinent. Voici une prose d’exception pour lecteurs consentants.J’espère que tout sera bleu, d’abord paru aux éditions Québec Amérique, s’enrichit pour cette édition de poche de deux nouvelles inédites.
J’ai vu, de mes yeux vu, je le jure, mille papillotes crépiter dans ses yeux fauves, j’ai vu des ailes se déployer enfin, des anges aux yeux clairs, c’était large, si large, et puis des trois-mâts, vent debout, défonçant des vagues cassantes à la proue, les cimes neigeuses de cumulus en haute altitude à la verticale des Rocheuses, j’entendais dans ses yeux gronder le Vésuve et sous ma peau couler le torrent de mes sangs, quelques riens que j’ai tout de suite su marquants dans ma vie, vous saisissez ?