Passer au contenu

Filer

Roman

Morgane, la narratrice du percutant premier roman d’Isabelle Labattaglia, passe de longues heures au gym, où elle lutte avec violence contre les calories ingérées. Face au miroir dans lequel se reflète son image, honnie, ainsi que les reflets des autres clients, elle revit les étapes de son enfance et de son adolescence qui ont déterminé son rapport au corps et aux apparences.
C’est en usant d’une langue et d’un rythme âpres qu’Isabelle Labattaglia nous ouvre une fenêtre sur la vie intérieure d’une narratrice complexe. Complétement immergée dans une culture faite de cinéma grand public, de téléséries populaires et d’objets de consommation cultes, Morgane enchevêtre ses souvenirs de références culturelles, laissant émerger au fil des pages une réflexion profonde et peu banale sur le corps des femmes, la pression sociale liée aux apparences ainsi que sur la filiation mère-fille.
Filer est un roman étourdissant, exigeant, étonnant, qui montre le grand paradoxe de tout ce temps perdu à courir sur place pendant qu’autour, la vie, la vraie, exulte.

Et moi, dans ce gym, je m’applique au contraire à me dépecer, car mon arrivée au premier et dernier kilomètre marque l’unique finalité attendue, celle tant espérée. Arracher sur-le-champ un à un les doigts, les répandre. Disloquer les poignets inaptes à rassasier Hedwige au bec de ma bouteille. Que les bras m’en tombent de putréfaction. Que les épaules se déboîtent sous cette soudaine apesanteur. Que les lèvres s’acidifient, fondent jusqu’à incendier mes pas. Que les mamelons s’affaissent pour rejoindre cette vulve que les dents noircissent du terreau avalé dans le jardin. Que se torde la nuque de cette complète émancipation du corps. Plus qu’une masse pétillante sur le brasier.

2021 | 122 pages | ISBN: 978-2-89502-455-2
18,95 $
2021 | 122 pages | ISBN: 978-2-89502-545-0
13,99 $
2021 | 122 pages | ISBN: 978-2-89502-544-3
13,99 $

On en parle

En 119 pages, et au rythme d’une playlist endiablée, la narratrice nous raconte sa relation difficile avec la nourriture. L’écriture crue d’Isabelle Labattaglia montre le combat incessant d’une personne atteinte de dysmorphie corporelle.

- Megan Boudart (La recrue)