Ce n’est rien

Ils sont partis de la grande ville parce que le père estimait qu’on y manque d’air. Désormais ils n’en manquent pas : l’air s’engouffre à satiété dans l’ancien chalet dont la conversion traîne en longueur. En butte aux représailles de ses aînés, enchaînant les punitions administrées par des parents trop souvent absents, la petite Lulie cherche à mettre un peu de cohérence dans une existence où la tendresse s’exprime rarement.Suzanne Marcil pratique une forme de réalisme que l’on pourrait qualifier de paradoxal : alors que l’on se croit plongé dans la réalité crue, sans fard, la reformulation de l’univers par le langage romanesque opère, sans doute un peu grâce au Chien, alter ego de la petite fille par les yeux de qui nous entrons dans cette famille inoubliable. Le monde peut paraître glauque, mais le regard de la fillette est limpide.