Chuchotements
Paris, Sydney, Téhéran, Montréal, Alger : pour la narratrice de Chuchotements, ces lieux sont imprégnés du souvenir d’un homme, de son odeur, sa voix, sa chaleur, ou sa cruauté. Pour que la colère qui menace de la détruire éclate et fasse enfin place à l’amour, elle doit revivre dans toute leur crudité les scènes cristallisées autour de la blessure originelle. Dans ce premier roman, Claude Jacqueline Herdhuin pratique une stylistique concise qui n’est pas sans lien avec le langage cinématographique. Les évocations sont actualisées dans une phrase brève, rapide, parfois nominale. Chaque scène va droit à l’essentiel, à l’intensité de l’émotion, dite autant par le corps de la narratrice que par les mots de la narration.
Un jour, j’oublierai volontairement de rentrer. Je resterai accrochée, quelque part entre Sydney et Paris, dans les bras d’un homme ou d’un autre. Au petit matin, je regarderai un corps d’homme dormir. Je le caresserai du regard, de la voix, ou de l’imagination. Peut-être ses mains s’égareront-elles sur mon sexe. Peut-être ses yeux me parleront-ils. Peut-être me libérerai-je de cette boule de colère qui habite mon ventre.