Ici et là
L’espace se mesure, se quadrille, à plat sur une planche à dessin. L’espace se dilate, se gonfle de rêves, d’images, de sensations. Ainsi naissent les maisons pour abriter la vie, au rythme du cœur qui bat, des générations qui passent. À Champlain ou en Virginie, à Versailles ou en Bretagne, le temps vacille sur ses gonds, les souvenirs affluent. La berceuse qui s’immobilise quand l’enfant refuse le sein ; les samedis de liberté et les dimanches d’ennui ; l’achat d’une chaise d’occasion devenue celle où l’on écrit ; une plaque commémorative, une réminiscence de lecture, une chanson indémodable… Ici et là, les murs respirent, les escaliers s’évadent.Dans des miniatures ciselées, natures mortes ou poèmes en prose, Stéphanie Kaufmann entrouvre et déplie le réel, lève le voile sur des parcelles d’intimité riches d’émotion contenue, entre nostalgie et sérénité.
Quand j’étais petite, la maison était centenaire et ses murs laissaient entrer le vent comme des passoires, disions-nous. La comparaison était usée mais vraie. Nous avions des calorifères à l’eau, en fonte peinte et repeinte maintes fois, et la chaleur s’en dégageait avec lenteur, on aurait dit des vieux qui se bercent et roupillent en alternance.
Prix littéraires
- Prix Adrienne-Choquette de la nouvelle 2010