On meurt d’amour, doucement
Le roman de Francine Minguez donne la parole à Daniela, une femme d’origine chilienne installée à Montréal depuis ses 28 ans. Avec l’âge, Daniela sent le besoin de revisiter son passé et, en grande amoureuse des mots, de le mettre par écrit. Elle se remémore sa vie au Chili, l’adaptation au Québec, l’engagement politique, la passion, la douleur, l’amitié et surtout son grand amour tourmenté avec le père de son fils. Brisée par une agression et profondément ébranlée par la perte de ses illusions, la narratrice tisse des liens émouvants entre un passé encore brûlant, les racines chiliennes, et un présent que l’on comprend plus apaisé. Ses souvenirs surgissent par fragments, sans crier gare, nous faisant ressentir encore plus crûment les émotions sur le vif, les réactions paradoxales et les sentiments en constante évolution.
Je me promène et je valse entre ces époques et ces identités. Je navigue sur l’instant, mais sur un instant absurde qui s’étire, j’écris depuis des pages et il me semble n’avoir rien dit du tout. Je n’ai pas de roman, qu’une suite de griffonnages qui me tient pourtant captive et dont je ressens le manque telle une droguée si je m’absente trop longtemps. Je n’ai pas de roman car je sais que je n’ai pas d’incipit. J’en ai un depuis longtemps pour un autre livre, gardé dans mes tiroirs. Il en dit trop sur moi, à un homme qui vit encore, et je ne veux pas étendre son pouvoir, et je suis superstitieuse. Je dois le garder pour moi. Donc je pars à zéro.