Le meilleur dernier roman
Soucieux d’exister aux yeux des autres institutions, les professeurs en études littéraires d’une université régionale entreprennent de créer un prix littéraire. Après de longues réunions, ils s’entendent sur la création du Prix du meilleur dernier roman.
Avec humour, cynisme et une bonne dose d’autodérision, Claude La Charité dépeint avec finesse un milieu qu’il connaît bien.
Pour nous récompenser, nous tenions notre réunion finale au restaurant. C’était une façon de nous hausser au rang de l’Académie Goncourt qui, chaque année, délibère chez Drouant et trouve le moyen, entre la poire et le fromage, de s’entendre à l’unanimité ou à la majorité simple sur un gagnant. Par dérision, je nous avais pompeusement rebaptisés l’Académie Anthume et j’avais réservé six places à la meilleure table en ville, Le luxe d’Apicius. Contrairement aux membres de l’autre académie, nous n’avions pas de couverts vermeils gravés à notre nom. Du reste, ils sont dix et nous n’étions que six. Mais à ces différences près, il n’est pas exagéré de dire que l’Académie Anthume valait bien l’Académie Goncourt. Même propension à parler de livres qu’on n’a pas lus ou alors pas entièrement ou trop vite, même impression exagérée d’appartenir à l’histoire, même conviction de fabriquer la postérité par l’onction d’un prix dont les voies, comme celles du Seigneur, sont impénétrables.
Prix littéraires
- Prix Jovette-Bernier, finaliste 2018