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L’ammonite

Récit

Un coffret déniché chez un antiquaire, des figurines, il n’en faut pas davantage pour lancer Arnaud Bermane dans le récit de ceux qui forment sa famille. Papa, maman : un propriétaire terrien qui a épousé une jeune fille de belle souche. Un frère rebelle, un grand-père âpre au gain. Des cousins : un exemplaire saint-cyrien et un fantasque explorateur. La table est mise pour que défilent de larges pans de l’histoire de France, la France des petites gens, celle des illusions, mais aussi celle de la guerre, des guerres. Les temps s’apaisent, l’appel de la route devient plus fort que tout, Arnaud s’y engage, dans une solitude à la fois désirée et rebutante, noircissant des carnets dans l’espoir que sa fille, jamais connue, les découvre.L’ammonite du titre fait figure de talisman, car la tradition peut paralyser (« Je portais le poids des choses apprises », déclare Arnaud). Surtout elle dessine une spirale sur la laquelle Roland Bourneuf dépose un récit enchaînant les réflexions les unes aux autres, au milieu duquel les lecteurs qu’avait séduits Pierres de touche (prix Victor-Barbeau de l’essai en 2008) se trouveront en terrain connu.

J’ai vécu longtemps frileux et inquiet. Maintenant que je suis sur les routes, souvent la peur m’empoigne, qui est celle du vide. Le refuge, temporaire, je le cherche alors dans une halte minable au bord d’une route, un travail quelconque, le lit d’une femme, le bavardage avec des roulants de mon espèce ou des sédentaires bien plantés sur leurs jambes. Le temps de remonter à la surface. Je me chauffe un peu auprès des autres humains, je cherche à savoir comment ceux-là vivent que je quitterai le lendemain. Il m’arrive même de suivre des inconnus, simplement pour savoir où ils vont, qui ils sont, ou de me mêler à des foules dans les rues, sur les marchés, dans les gares, sur les places où l’on fête et flâne.

2009 | 234 pages | ISBN: 978-2-89502-292-3
25 $
2011 | livre numérique PDF | 234 pages | ISBN: 978-2-89502-652-5
18.99 $

On en parle

[…] L’ammonite tient plus précisément du journal, du roman dit intérieur et même en partie du roman d’aventures […] fort bien ficelé, où l’on apprécie l’efficace équilibre entre l’onirisme des souvenirs et le réalisme brut de la matière convoquée. […] Il faut lire lentement ce livre pour en savourer toute la savante simplicité et en apprécier en même temps la noble portée.

- Jean-Guy Hudon (Nuit blanche.)